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Touched, un film troublant sur la sexualité d'une personne en situation de handicap

Réalisé par Claudia Rorarius, "Touched", présenté au Festival de Locarno 2023, suit la relation secrète et interdite entre une aide-soignante et un patient paraplégique.

Après une violente altercation ayant entraîné un coup sévère à la tête, Alex se retrouve paraplégique. Son existence se réduit désormais aux quatre murs de sa chambre d'hôpital, où il dépend entièrement du personnel soignant pour ses besoins essentiels. Cependant, l'arrivée de Maria, une nouvelle employée, apporte à la fois du changement et de la complexité.

Derrière les regards indiscrets, une liaison interdite se développe entre le patient et la jeune femme, qui peu à peu répond à ses besoins intimes, risquant ainsi de tout perdre. Dans le film "Touched" réalisé par Claudia Rorarius, originaire d'Allemagne, un sujet tabou et rare au cinéma est exploré : la vie intime des personnes en situation de handicap.

Présenté dans la section "Cinéastes du présent" au Festival de Locarno, le film traite habilement ce thème délicat, évitant les pièges du voyeurisme pour exposer une réalité sans fards ni apitoiement excessif.

La cinéaste focalise son regard sur la rencontre de deux corps que tout oppose : celui d'Alex, vulnérable et impuissant, et celui de Maria, fort et puissant. Le film, qui privilégie l'image au dialogue, se construit autour de leurs nombreuses étreintes qui deviennent un langage en soi. Les performances des deux acteurs, Isold Halldórudóttir et Stavros Zafeiris, méritent une admiration particulière pour leur dévouement total, tant physique que psychologique.

"Touched" ne se contente pas d'être une simple histoire d'amour. Claudia Rorarius capture un lien complexe, teinté de nuances. Dans sa seconde partie, le film prend une tonalité plus sombre, explorant l'emprise, la dynamique de pouvoir et l'abus.

Au-delà de son sujet crucial, qui en fait bien plus qu'un simple drame social, "Touched" est avant tout un authentique chef-d'œuvre cinématographique. Les choix esthétiques sont audacieux : le format d'image en 1:1 - carré -, les plans cliniques et symétriques, et l'utilisation abondante de couleurs pastel, qui semblent compenser une histoire sombre, laissant le spectateur indubitablement troublé à la fin.