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Vers une intégration renforcée

Le Ministre des Affaires sociales et de la Santé de la Région wallonne, Thierry Detienne, fait le point à la veille de l'année européénne des personnes handicapées

L'intégration de la personne handicapée, si l’idée n’est pas neuve bien sûr, continue à faire son chemin et prend des contours de plus en plus précis. Depuis quelques décennies, nous assistons à une mobilisation importante des personnes handicapées, des associations représentatives, des pouvoirs publics et de l’ensemble des acteurs concernés pour faire reconnaître ce droit à l’intégration.

La reconnaissance de ce droit s’est traduite dans de nombreuses dispositions légales, dans la plupart des pays. En Région wallonne, le décret du 6 avril 1995 relatif à l’intégration des personnes handicapées est à ce sujet très exemplatif.

Au cours des dernières années, cet objectif d’intégration a pris des accents nouveaux, et on ne peut que s’en réjouir. Partant d’une conception de l’intégration conçue avant tout comme une démarche de la personne handicapée qui, avec l’aide d’associations ou de professionnels, devait tout tenter pour essayer de s’intégrer dans la société, l’accent est mis couleur à présent sur la responsabilité, voire l’obligation de la société de prendre des mesures concrètes pour rendre possible cette intégration et permettre à la personne handicapée de passer d’un statut de “citoyen entièrement à part” à celui de “citoyen à part entière”.

La notion même de handicap a évolué et l’on parle à présent de plus en plus souvent de “personne en situation de handicap” plutôt que de personne handicapée, mettant ainsi l’accent sur le fait que la notion de handicap ne peut s’évaluer que dans un contexte situationnel donné : environnement social, culturel.... et que ce contexte varie au cours du temps.

La prise de conscience de cet aspect situationnel est d’une importance capitale. Pour ne citer qu’un exemple, une personne qui a perdu l’usage de ses membres inférieurs et se déplace en fauteuil roulant, vivra de manière tout à fait différente selon que l’ensemble des lieux publics, voiries, transports, etc. auront ou non été aménagés pour lui permettre de se déplacer sans difficultés et faire que l’environnement général ne constituera plus un obstacle à sa pleine participation à la vie sociale.

L’Europe a déjà traduit en directive cette volonté d’égalité de traitement et de non-discrimination et cette priorité a été réaffirmée dans la “Déclaration de Madrid”. En Belgique, une proposition de loi visant à traduire cette directive dans la législation belge a été déposée par le sénateur Mahoux. Madame Greet Van Gool, Commissaire du Gouvernement à la Sécurité sociale a proposé un amendement visant à intégrer dans cette proposition la notion contrainante “d’aménagements raisonnables”, déjà prévue par la directive Européenne de Novembre 2000. Si ce projet est adopté, les personnes handicapées disposeront enfin d’une arme efficace dans leur combat contre les différentes formes de discrimination dont elles sont victimes au quotidien.

La Région wallonne a également pris différentes initiatives allant dans cette direction : les modifications récentes au Code Wallon de l’Aménagement du Territoire (CWATUP), la création de l’asbl “Wallonie Accessibilité” en sont des exemples parmi d’autres.

Le Conseil de l’Europe a déclaré l’année 2003 Année européenne de la personne handicapée. Pour la Région wallonne, j’ai décidé de placer cette année sous la thématique générale de l’accessibilité, prise dans son sens le plus large. Pourquoi ?
Parce que l’accessibilité est la clé de la participation à la vie sociale et donc de l’intégration : non seulement l’accessibilité des lieux ouverts au public mais tout autant l’accessibilité à l’emploi, à l’information, aux soins médicaux, aux services généraux, à des formules de vie et d’activités comme tout un chacun.

Toutes ces dispositions et projets qu’ils soient européens fédéraux ou régionaux concourent au même objectif : encourager, voire contraindre nos sociétés à permettre à tout citoyen une pleine participation à la vie sociale en supprimant ou réduisant tout ce qui est source de discrimination directe ou indirecte. Cela ne sera possible que si, dans le même temps, s’opère un changement des mentalités, et cela ne dépend d’aucune mesure réglementaire mais de la prise de conscience et de la volonté concrète et quotidienne de chacun de nous.