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Permettre aux personnes en situation de handicap d'être actrices de la formation des professionnels

Paralysie Cérébrale France à décidé de piloter un projet de formation original et expérimental au format similaire à celui d’une recherche-action. Il souhaite permettre aux personne en situation de handicap de devenir formateurs des futurs accompagnants.

Un projet pilote original et expérimental

 

« Ce projet s'adresse majoritairement aux personnes en situation de handicap accompagnées par des établissements médicalisés. Ces personnes sont au contact des professionnels du travail social et du soin et ont l'expérience de cet accompagnement du quotidien. Celles-ci sont pour autant peu invitées dans les lieux de formation ou alors réduites à des témoignages souvent un peu « pathos ». L'objectif de ce projet est donc de faire grandir chez elles le sentiment de légitimité afin qu'elles délivrent les messages qu'elles tiennent à faire passer et qu'elles soient convaincues de leur plus-value dans un cursus de formation. Il s'agit de passer du simple témoignage à un témoignage outillé. » indique Julia BOIVIN, consultante au sein de GEFCA.

 

Le module de formation dispensé a donc été entièrement construit à partir des retours d'expériences locales d'interventions déjà menées et de besoins repérées par les personnes elles-mêmes pour se sentir plus à l'aise dans cet exercice. La coordination nationale du projet s'est en effet appuyée sur les forces vives présentes en régions et le lien a été assuré par un binôme personne accompagnée / professionnel chargé d'animer un groupe de travail localement dans leur association.

 

 

Un projet sur trois ans avec une objectif de création, à moyen terme, d'un réseau national d'intervenants experts d'usages

 

« Après une première année pilote qui a vocation à stabiliser la formation et à déboucher sur l'officialisation d'une première promotion, Paralysie Cérébrale France se projette, avec ses partenaires GEFCA et l'AGEFIPH, à travers un programme triennal qui permettra de tirer, sur le moyen terme, des enseignements tant qualitatifs que quantitatifs, de cette expérimentation. L'objectif est de créer à moyen et long terme un réseau national d'intervenants experts d'usages au sein de Paralysie Cérébrale France à l'image d'une communauté de pratiques. » précise Jacky VAGNONI.

« Les personnes concernées ont la volonté de participer au changement de regard des professionnels et par la même à la transformation des modèles d'accompagnement. Celles-ci ont également le souhait de renforcer la connaissance de la paralysie cérébrale et de ses spécificités. » indique Ali AHNOUCHE, membre du comité de pilotage national et co-animateur du groupe local en Auvergne-Rhône-Alpes.

« J'ai l'ambition de développer mes compétences et de professionnaliser mon témoignage pour participer concrètement à l'amélioration des pratiques des professionnels. A domicile comme en établissements, les personnes en situation de handicap sont confrontées à bien des difficultés tant qualitatives (formation) que quantitatives (manque de professionnels). J'ai un rôle à jouer, comme les autres participants, dans le ré-enchantement de ces métiers afin de les rendre plus humains et plus proches des attentes des personnes accompagnées. Je me heurte toutefois à une difficulté récurrente avec la non-compatibilité entre la perception de l'Allocation Adulte Handicapé et des rémunérations additionnelles, fruit de mon investissement et de mon travail. » indique Pierre DELEEST.

 

 

Une dimension d'intégration sociale et professionnelle

 

Ce programme « professionnalisant » mettra également en débat, à travers une étude juridique, la question de la compatibilité entre le statut d'inaptitude au travail et l'engagement d'une activité d'intervenant rémunérée à temps partiel. « Ces futurs intervenants experts d'usages se sont engagés dans un cursus de formation créateur de valeur pour les centres de formation et les futurs professionnels. Il est donc normal que ces interventions fassent l'objet d'une juste rémunération intégrant les temps de préparation et d'intervention et les coûts associés. Or, à cette heure, le statut actuel n'offre aucune souplesse sauf à venir directement impacter les droits de la personne et notamment la perception de l'Allocation Adulte Handicapé. L'étude juridique aura vocation à faire des propositions concrètes aux pouvoirs publics pour faciliter la pleine intégration sociale et professionnelle des personnes handicapées. » conclut Jacky VAGNONI.

Source : https://www.capgeris.com/formations-365/permettre-aux-personnes-en-situation-de-handicap-d-etre-pleinement-actrices-de-la-formation-des-professionnels-du-medico-social-et-du-soin-a46144.htm