Stéphanie de Sousa, par exemple, sillonne régulièrement les hôpitaux, les Ehpad et les maisons des personnes en fin de vie. "Chaque personne a une histoire unique," souligne-t-elle. Lors d'une de ses séances, elle s'installe dans la chambre d'hôpital de Monique à Colmar. Monique, âgée de 78 ans et confrontée à une cécité progressive, partage les épisodes marquants de sa vie tandis que Stéphanie les enregistre sur son clavier d'ordinateur.

Le processus s'étale sur dix séances, garantissant que le projet soit une démarche volontaire du participant. Cette expérience transforme le rapport à la maladie, offrant aux patients l'opportunité de s'engager dans un projet significatif. Dans un contexte où la fin de vie suscite une préoccupation nationale, le métier de biographe hospitalière émerge comme une pratique en développement, aspirant à une reconnaissance accrue.

L'accompagnement gratuit, financé par Traces de vies grâce à des fonds collectés auprès de mécènes et d'institutions, offre aux patients une nouvelle perspective pendant une période délicate de leur existence. L'objectif est de créer un livre tiré à dix exemplaires, permettant aux proches de conserver un souvenir tangible de la vie de leurs êtres chers.

La biographe adopte un style direct, préservant la voix authentique du narrateur. Bien que parfois interrompue par le décès du participant, cette démarche reste humaine et instaure un lien unique. Malgré le contexte délicat, les récits sont empreints d'enthousiasme et d'optimisme, offrant une perspective sur la vie souvent plus lumineuse que la réalité quotidienne.

Traces de vies aspire à voir la biographie hospitalière intégrée aux soins de support dans le projet de loi sur la fin de vie, actuellement en attente de présentation au Conseil des ministres en décembre. Stéphanie, à travers les scéances, démontre que chaque vie, même en apparence ordinaire, recèle une richesse inestimable d'expériences et d'enseignements.