L'ouvrage "Que sait-on du travail ?" des Presses de Sciences Po, sorti en octobre 2023, présente diverses contributions du laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques (LIEPP) de Sciences Po. Parmi celles-ci, l'article des chercheuses Anne Revillard, Célia Bouchet et Mathéa Boudinet se concentre sur le thème du handicap, des inégalités professionnelles et des politiques d'emploi.

Les chercheuses abordent l'évolution du concept de handicap, passant d'une vision médicale centrée sur les déficiences individuelles à un modèle social mettant en lumière les causes sociales des désavantages rencontrés par les personnes handicapées, comme le manque d'accessibilité et les stéréotypes sociaux. En France, la loi de 2005 définit le handicap comme toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en société due à une altération physique, sensorielle, mentale, cognitive ou psychique.

L'article souligne les liens complexes entre le travail et le handicap. D'une part, le travail peut être producteur de handicap, certains emplois ayant des impacts plus négatifs sur la santé que d'autres. D'autre part, les personnes handicapées font face à des obstacles pour accéder à l'emploi, s'y maintenir et progresser.

Les chercheuses exposent les inégalités professionnelles auxquelles sont confrontées les personnes handicapées, citant des statistiques de l'INSEE de 2021. Elles indiquent que le taux d'emploi des personnes handicapées est inférieur à celui des personnes valides (51 % contre 70 %) et que leur taux de chômage est plus élevé (13 % contre 8 %). De plus, elles occupent davantage des postes moins qualifiés, travaillent plus souvent à temps partiel et subissent des conditions de travail difficiles, souvent en raison de l'inaccessibilité des lieux de travail et de la stigmatisation.

Ces inégalités varient en fonction du moment et du type de handicap. Par exemple, le taux de chômage est plus élevé pour les personnes handicapées présentant des limitations cognitives, visuelles ou des troubles psychiques.

Les causes de ces inégalités sont multiples. Outre les problèmes de santé, les discriminations directes ou indirectes jouent un rôle prépondérant. Les personnes handicapées subissent des discriminations dans l'éducation, ce qui affecte leurs opportunités professionnelles. De plus, la gestion du handicap au travail est souvent perçue comme une responsabilité individuelle, les employeurs ne fournissant pas toujours les aménagements nécessaires.

Les politiques publiques actuelles, comme l'Obligation d'emploi des travailleurs handicapés (OETH), visent à promouvoir l'emploi des personnes handicapées. Cependant, malgré des incitations financières, le taux d'emploi direct reste en dessous des objectifs légaux. De plus, ces politiques pourraient focaliser davantage sur les chiffres que sur la qualité de vie au travail et les aménagements nécessaires.

Les chercheuses soulignent également les politiques catégorielles telles que les établissements et services d'aide par le travail (ESAT) ou les entreprises adaptées. Bien que visant l'inclusion, ces structures suscitent des critiques en raison de leur caractère ségrégatif et des limites concernant les droits des personnes handicapées.

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