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Lettre de Bertrand Delanoë à François Fillon sur les taxis parisiens

Les taxis constituent une alternative pertinente au transport automobile individuel, c’est un moyen de mobilité efficace entres autres pour les personnes âgées et à mobilité réduite.

Paris, le 7 janvier 2008

Monsieur le Premier Ministre,

Vous avez bien voulu demander à Monsieur CHASSIGNEUX, Préfet, PDG de SANEF, de formuler des propositions pour «un plan de modernisation et d’amélioration quantitative et qualitative de l’offre de service, qui porte sur la profession de taxi et plus largement sur l’ensemble du secteur des transports spécialisés ». Vous souhaitez que ces propositions s’appuient sur les réflexions de la commission pour la libération de la croissance et qu’elles soient présentées dès janvier 2008.

Comme vous le savez, à Paris, la tutelle et la responsabilité des taxis relèvent de la Préfecture de Police. Sur ce sujet majeur pour la vie des Parisiens et des visiteurs de Paris,j’ai sollicité à plusieurs reprises les différents Préfets de Police et j’ai personnellement appuyé les créations de licence (+700 depuis 2002) décidées par le Préfet. Dans le cadre de la mission que vous avez confiée à M. CHASSIGNEUX, je me permets aujourd’hui de vous faire part directement de mes demandes et propositions pour encourager le développement des taxis à Paris et dans sa métropole.


Les taxis constituent une alternative pertinente au transport automobile individuel, c’est un moyen de mobilité efficace entres autres pour les personnes âgées et à mobilité réduite. Le développement de l’offre de taxis s’inscrit donc pleinement dans notre politique de déplacement, en complément de l’offre de transports publics. Aussi depuis 2001, la Ville de Paris a agi concrètement et dans les limites de ses compétences pour renforcer l’usage des taxis à Paris : réalisation de 60 km de couloirs de bus supplémentaires, appui à la réforme tarifaire de 2004, renforçant la présence de taxis aux heures de pointe, réforme des stations de taxis et création d’un numéro unique d’appel des stations pour les rendre plus visibles et plus attractives, incitation à l’achat de véhicules hybrides par les artisans en leur allouant une aide financière.



Pour autant, le manque de taxis à certaines heures est une réalité et une vraie réforme, en concertation avec la profession, est nécessaire. Je souhaite donc qu’une nouvelle étape soit franchie et je vous propose :

- de faciliter la redescente des taxis de Roissy vers Paris en autorisant l’utilisation de la bande d’arrêt d’urgence aux heures de pointe. Cette proposition déjà expérimentée sur d’autres autoroutes devra bien évidemment être mise en oeuvre dans le respect de la sécurité des véhicules circulant sur l’autoroute A1.
- de limiter le nombre de passages à Roissy des chauffeurs de taxis parisiens. Aujourd’hui ADP n’arrive plus à gérer le flux des taxis à certaines heures, l’offre de taxis est supérieure à la demande sur certaines tranches horaires alors qu’au même moment est constaté un manque de taxis dans Paris
- de réfléchir avec la profession à un nouvel indicateur économique permettant de mieux appréhender la réalité de l’offre et de la demande de taxis et ainsi de mieux mesurer les manques en nombre de licences
- de revoir la tarification pour attirer les taxis dans la métropole parisienne au moment où les Parisiens et les usagers de Paris en ont besoin
- d’encadrer le développement des nouveaux modes de transports spécialisés (moto taxis, véhicules de remise...) afin qu’ils aient les mêmes devoirs et droits que les taxis, notamment en termes de sécurité et de pratiques tarifaires

Au regard de l’ampleur et de l’étendue de ces propositions de réforme, rien ne pourra se faire sans un dialogue constructif et exigeant avec la profession, sans votre soutien et celui de la Préfecture de Police. C’est pourquoi, comme je l’ai déjà indiqué je souhaite que les élus locaux soient plus étroitement associés à l’élaboration de la politique des taxis à Paris et dans sa métropole. Je souhaiterais que soit étudiée la possibilité de confier la compétence en matière de gestion des taxis à une instance regroupant les représentants de la profession des taxis, les élus locaux, le STIF et l’Etat. C’est en rassemblant l’ensemble des acteurs concernés, disposant de multiples leviers d’action, que nous serons le plus à même de répondre à l’ambition de modernisation et d’amélioration du service des taxis.


Je vous prie de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’assurance de ma considération distinguée.

Bertrand DELANOE