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Handicap, PMR… de quoi parle-t-on ?

Quelques considérations sur l'évolution d'une notion.

L'origine du terme "handicap" est attribuée à l’expression "hand in cap" ou "main dans le chapeau", un jeu d’échange d’objets personnels pratiqué au VIe siècle en Grande Bretagne: un arbitre, évaluant le prix des objets, était chargé de surveiller l’équivalence des lots afin d’assurer l’égalité des chances des joueurs.

L'"égalité des chances" était donc déjà au rendez-vous dès le début du Moyen Age…

Le mot fut ensuite utilisé dans certains sports, notamment hippiques, pour désigner un désavantage appliqué aux meilleurs concurrents (par exemple un supplément de poids sur les meilleurs chevaux) afin d’égaliser leurs chances avec les moins performants, lors de « courses à handicap ».

Aujourd'hui, deux visions du handicap prédominent : l'une que l'on peut nommer "médicale" et l'autre "sociale".

La vision médicale du handicap se base sur les déficiences, sur "ce que tu n'as pas ou... n'as plus!". Elle propose un classement rigoureux des différents types de handicaps. Mais soyons vigilants! Gare aux typologies humaines...!




Nous préférons nous référer à la vision sociale qui replace la personne handicapée dans son milieu de vie. Cette vision met en évidence les responsabilités de chacun dans le maintien des barrières techniques et psychologiques qui freinent l'accès légitime à l'autonomie.




Depuis l’adoption en 2001 de la Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF), il est en effet généralement admis que l'incapacité résulte de l’interaction entre la déficience, la limitation des activités et les obstacles à la participation dans un environnement social ou physique spécifique. Les situations de handicap sont donc liées à un environnement inadapté, ces situations pouvant être vécues de manière durable ou temporaire… autrement dit par l’ensemble de la population à un moment ou à un autre.

Selon cette conception, si un contexte est adapté à la personne, l’incapacité peut se modifier, voire disparaître. Même si la déficience a une réalité objective associée à l’organisme, l’incapacité est davantage attribuable au fait que la société ne tient pas compte des besoins des personnes handicapées.

Par conséquent, dans leur mission de protéger les personnes les plus faibles, et en suivant les exemples anglo-saxons, les législateurs européens prennent de plus en plus en compte la responsabilité en terme de discriminations des auteurs de projets, notamment pour le bâti, l'emploi et le transport.

Les législations belge et européenne parlent tantôt de personne handicapée, tantôt de personne à mobilité réduite (PMR)… quelques précisions s'imposent :

Personne handicapée
Selon l'ONU, par "personnes handicapées" on entend: "des personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres".

Attention, penser accessible ne signifie pas uniquement répondre aux besoins des personnes en fauteuil roulant ou qui présentent des difficultés de locomotion. Les personnes ayant une déficience de la vue ou de l’audition, celles qui ont un problème de santé mentale ou une déficience intellectuelle ont également des besoins particuliers qui peuvent être satisfaits, souvent sans dépenses considérables (alertes sonores, signalisation adéquate, etc.).

Personne à mobilité réduite "PMR"
L'acceptation du terme Personne à Mobilité Réduite (PMR) est plus large. Elle inclut les personnes handicapées, mais également toutes celles qui rencontrent, de manière temporaire ou permanente, des difficultés à se mouvoir dans un environnement trop souvent inadapté.

Ces difficultés peuvent être provoquées par l’âge, la maladie, ou par un accident, autant de circonstances qui réduisent considérablement l’égalité des chances dans la vie quotidienne.

D'autres facteurs peuvent encore influer sur les conditions de mobilité, tels qu'une activité – par exemple déménager, livrer des marchandises-, un état – par exemple être enceinte -, etc.

Pour le RRU, la législation de base en matière d'urbanisme à Bruxelles, une PMR est une "personne dont les facultés de déplacement à pied sont réduites de manière temporaire ou définitive. Il est impossible de reprendre dans la définition de la personne à mobilité réduite l’ensemble des cas qui peuvent être rencontrés. Il faut entendre cette notion dans son sens le plus large. Il s’agit donc autant de personnes handicapées que de personnes accompagnées d’un landau, de personnes âgées ou de quelqu’un qui subit une difficulté de déplacement temporaire."

A cet égard, il faut encore rappeler et souligner que le vieillissement de la population est une évidence qui ne fait plus débat, de même que le fait que les personnes âgées représentent une grande partie des PMR.

En considérant l’ensemble des personnes à mobilité réduite dans nos régions, on dépasse les 30 % de la population.

Situations de handicap
Les situations de handicap apparaissent donc chaque fois qu’une personne est confrontée aux inadaptations de l’environnement qui réduisent son autonomie et l’empêchent d’accomplir les gestes simples de la vie quotidienne.

Ces situations peuvent être un escalier, un passage trop étroit, un sol glissant, un creux ou un ressaut dans la voirie, ... Cela peut être aussi un lavabo trop haut, une poignée de porte ou un interrupteur inaccessible.

Comme on le voit, la façon d’aménager le cadre bâti peut soit créer des situations de handicap soit, au contraire, faciliter l’autonomie d’un plus grand nombre de personnes (un plan incliné plutôt que des marches).

Etre handicapeur ou devenir facilitateur est un choix qui se pose. La loi intègre cette vision en accordant un place de plus en plus importante à la lutte contre toutes les formes de discriminations directes et indirectes… "Handicapeur payeur", une réalité pour demain ?