EDITO : Le seuil de l'intolérance !
Le seuil d'entrée est le premier contact du visiteur avec un bâtiment et malheureusement souvent le dernier pour la personne à mobilité réduite ! Premier contact, premier obstacle…?
Ce mois-ci, nous avions envie de vous parler de petites choses… de petites choses à grands effets: les ressauts des seuils d'entrées.
C'est le grand mystère de la vie du chaisard : quelle est l'utilité de la première barrière que constitue cette marche? On la percute, on y trébuche, on l'injurie, elle nous fait soulever des poids, elle nous retarde, nous rend dépendants, nous exclut. Qu'on soit en fauteuil roulant, qu'on pousse un landau d'enfant, un vélo, un diable, qu'on déménage un meuble ou qu'on porte une valise… on ne peut éviter l'incontournable "ATTENTION A LA MARCHE"!!
Cette fameuse marche qui constitue pour beaucoup un cauchemar car, quand elle ne décourage pas, elle marque le début d'un processus long et énergétivore :
- dénicher le chemin alternatif : rentrer par la sortie des artistes, ou plus souvent, soyons pratique, trouver le chemin des poubelles car là où les poubelles sortent, là peuvent entrer les chaisards;
- attendre l'âme compatissante acceptant de vous mettre sur deux roues, de vous soulever, bref qui a bon dos, au propre et au figuré;
- pour les plus prévoyants : passer de longs moments au téléphone pour trouver la personne qui sait s'il y a une marche à l'entrée et, dans ce cas… telle une tortue, emporter sur son dos la paire de rampes compensant l'inévitable dénivellation (…personnes à mobilité réduite, certes, mais réduites à une espèce de chéloniens, quelle évolution…);
- espérer qu'on vous serve sur la rue s'il s'agit d'un commerce : signaler que vous êtes sur le pas de la porte, attendre votre tour sous la pluie, préciser la marchandise souhaitée qui sera peut-être du haché plutôt qu'un steak et enfin, donner les codes secrets de votre carte bancaire en cas de paiement électronique. En espérant ne pas vous retrouver fauché dans les 24h…
Qui aurait pensé qu'un si petit obstacle pouvait engendrer de telles complications, de tels mécontentements, une telle exclusion?
Tout ça pour éviter l'eau ! Une eau qui pourtant ne remonte pas, mais s'écoule inexorablement…
Et les solutions techniques existent : une faible pente d'un 1% de dévers suffit à stopper la progression de l'eau sur un trottoir, des grilles à avaloirs solutionnent le problème, des rampes à l'entrée compensent la dénivellation, des auvents peuvent être placés,…
Le bâti est fait pour l'humain (et l'humain est fait d'eau… mais c'est une autre histoire).
Alors, s'il vous plait, si vous voyez des plans ou une nouvelle construction avec un ressaut sur le seuil, ne laissez pas passer : effacez, dénoncez, écrivez, démolissez. Il y va de notre libre circulation, de la possibilité de vivre ensemble ! C'est illégal, immoral, bref c'est le seuil de l'intolérance qui est atteint. Alerte!
Cléon ANGELO
Autonomia asbl
C'est le grand mystère de la vie du chaisard : quelle est l'utilité de la première barrière que constitue cette marche? On la percute, on y trébuche, on l'injurie, elle nous fait soulever des poids, elle nous retarde, nous rend dépendants, nous exclut. Qu'on soit en fauteuil roulant, qu'on pousse un landau d'enfant, un vélo, un diable, qu'on déménage un meuble ou qu'on porte une valise… on ne peut éviter l'incontournable "ATTENTION A LA MARCHE"!!
Cette fameuse marche qui constitue pour beaucoup un cauchemar car, quand elle ne décourage pas, elle marque le début d'un processus long et énergétivore :
- dénicher le chemin alternatif : rentrer par la sortie des artistes, ou plus souvent, soyons pratique, trouver le chemin des poubelles car là où les poubelles sortent, là peuvent entrer les chaisards;
- attendre l'âme compatissante acceptant de vous mettre sur deux roues, de vous soulever, bref qui a bon dos, au propre et au figuré;
- pour les plus prévoyants : passer de longs moments au téléphone pour trouver la personne qui sait s'il y a une marche à l'entrée et, dans ce cas… telle une tortue, emporter sur son dos la paire de rampes compensant l'inévitable dénivellation (…personnes à mobilité réduite, certes, mais réduites à une espèce de chéloniens, quelle évolution…);
- espérer qu'on vous serve sur la rue s'il s'agit d'un commerce : signaler que vous êtes sur le pas de la porte, attendre votre tour sous la pluie, préciser la marchandise souhaitée qui sera peut-être du haché plutôt qu'un steak et enfin, donner les codes secrets de votre carte bancaire en cas de paiement électronique. En espérant ne pas vous retrouver fauché dans les 24h…
Qui aurait pensé qu'un si petit obstacle pouvait engendrer de telles complications, de tels mécontentements, une telle exclusion?
Tout ça pour éviter l'eau ! Une eau qui pourtant ne remonte pas, mais s'écoule inexorablement…
Et les solutions techniques existent : une faible pente d'un 1% de dévers suffit à stopper la progression de l'eau sur un trottoir, des grilles à avaloirs solutionnent le problème, des rampes à l'entrée compensent la dénivellation, des auvents peuvent être placés,…
Le bâti est fait pour l'humain (et l'humain est fait d'eau… mais c'est une autre histoire).
Alors, s'il vous plait, si vous voyez des plans ou une nouvelle construction avec un ressaut sur le seuil, ne laissez pas passer : effacez, dénoncez, écrivez, démolissez. Il y va de notre libre circulation, de la possibilité de vivre ensemble ! C'est illégal, immoral, bref c'est le seuil de l'intolérance qui est atteint. Alerte!
Cléon ANGELO
Autonomia asbl