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Dystrophie musculaire de Duchenne

La greffe de cellules souches dérivées de vaisseaux sanguins améliore la fonction musculaire chez les chiens

COMMUNIQUE DE PRESSE AFM : Evry le 15 novembre 2006

Un groupe de chercheurs italiens et français de l’Institut San Raffaele à Milan, en collaboration avec l’université de Pavie et l’école vétérinaire d’Alfort, vient de démontrer l’efficacité d’une thérapie cellulaire chez des chiens modèles de la dystrophie musculaire de Duchenne.
Les chercheurs ont injecté, dans la circulation générale des animaux, des cellules souches normalement associées aux vaisseaux sanguins, les mésoangioblastes. Ces cellules se sont transformées en cellules musculaires permettant ainsi une amélioration de la fonction musculaire des chiens.

Ces travaux publiés ce jour sur le site Internet de la revue Nature ont été, notamment, financés par l’AFM, grâce aux dons du Téléthon, ainsi que par le Téléthon italien.

La dystrophie musculaire de Duchenne est la plus commune des dystrophies musculaires.
Due à une anomalie du gène de la dystrophine situé sur le chromosome X, elle affecte les garçons (1 sur 3500 naissances) dont elle limite la motricité et l’espérance de vie. Cette maladie évolutive touche l'ensemble des muscles de l'organisme (muscles squelettiques, muscle cardiaque et muscles lisses). L'enfant atteint présente en général peu de signes de la maladie avant l'âge de 3 ans mais il marche parfois tard, tombe souvent et se relève difficilement. Au fil des années, apparaît une faiblesse musculaire progressive des membres et du tronc. Le seul modèle animal qui reproduit spécifiquement les altérations du gène de la dystrophine et le spectre de la maladie de l’homme est le chien de l’espèce du golden retriever, spontanément atteint par le même déficit en dystrophine.

Dans cette étude, les chercheurs montrent que des cellules souches associées aux vaisseaux sanguins, les mésoangioblastes, provenant d’un chien donneur sain et injectées dans la circulation sanguine, permettent une expression de la dystrophine, une restauration de la morphologie et une amélioration de la fonction musculaire. Cette étude pré-clinique a été réalisée à l’école vétérinaire d’Alfort par l’équipe de Stéphane Blot.

Les muscles comme tous les organes sont traversés par des vaisseaux sanguins. Des études antérieures ont montré que les mésoangioblastes étaient capables de franchir la paroi des vaisseaux sanguins et de se déplacer à travers le tissu pour coloniser différentes régions du corps. Les chercheurs ont donc isolé les mésoangioblastes à partir de biopsies de muscles chez des chiots non malades. Ces cellules ont ensuite été injectées directement dans la circulation générale, dans l’espoir qu’elles puissent se transformer en fibres musculaires chez les chiens malades. Chez 4 des 6 chiens traités de cette façon, les résultats ont été positifs. Des fibres musculaires exprimant la dystrophine ont été observées. Une amélioration significative de la motricité a été également notée chez deux d’entre eux.
Ce résultat est le fruit d’un long travail mené par l’équipe italienne. En 1998, les chercheurs ont démontré que des cellules issues de la moelle osseuse pouvaient participer à la régénération du muscle. Cependant, la transplantation de moelle osseuse chez les souris dystrophiques n’a pas permis d’améliorer le phénotype dystrophique. Les chercheurs ont ensuite identifié les mésoangioblastes qui peuvent se multiplier in vitro et se différencier en cellules musculaires. En 2003, un premier essai de thérapie cellulaire utilisant ces cellules souches a été mené avec succès chez la souris dystrophique. Les mésoangioblastes isolés chez des souris donneuses avaient permis d’améliorer la force musculaire des souris dystrophiques.

« Avant de commencer un essai clinique chez l’homme » - explique le Pr. Giulio Cossu, coordinateur de ces travaux – « nous sommes passés par les chiens dystrophiques pour optimiser le protocole de thérapie cellulaire ; en fait le chien dystrophique est le seul modèle animal qui reproduit spécifiquement le spectre complet de la dystrophie musculaire de Duchenne chez l’homme : les résultats publiés aujourd’hui dans la revue Nature indiquent que ce protocole de thérapie cellulaire est en grande partie un succès et conforte le projet d’un essai clinique chez l’homme. Il est important de noter que les essais cliniques sont très longs à mettre en place, et par conséquent, nous invitons les patients à poursuivre leurs traitements sous le contrôle de spécialistes qui sont régulièrement informés sur les progrès dans ce domaine ».


Pour en savoir plus :
Mesoangioblast stem cells ameliorate muscle function in dystrophic dogs. Maurilio Sampaolesi (1,2*), Stéphane Blot (3*), Giuseppe D’Antona (2), Nicolas Granger (3), Rossana Tonlorenzi (1), Anna Innocenzi (1), Paolo Mognol (4), Jean-Lauren Thibaud (3), Beatriz G. Galvez (1), Ines Barthélémy (3), Laura Perani (1), Sara Mantero (4), Maria Guttinger (5), Orietta Pansarasa (2), Chiara Rinaldi (2), M. Gabriella Cusella De Angelis (2), Yvan Torrente (6), Claudio Bordignon (1), Roberto Bottinelli (2) and Giulio Cossu (1,5,7).

*These authors contributed equally to this work

1) San Raffaele Scientific Institute, Università Vita-Salute, Stem Cell Research Institute, Milano
2) Department of Experimental Medicine and Interuniversity Institute of Myology, University of Pavia, Pavia
3) Neurobiology Laboratory, Ecole Vétérinaire d’Alfort, Maisons-Alfort.
4) Department of Bioengineering, Politecnico di Milano, Milano.
5) Institute of Cell Biology and Tissue Engineering, San Raffaele Biomedical Science Park di Roma
6) IRCCS Fondazione Policlinico di Milano, Department of Neurological Sciences, University of Milan, Milano
7) Department of Biology and Centre for Stem Cell Research, University of Milan, Milano

Contacts chercheur :
Giulio Cossu / Stem Cell Research Institute Dibit, H. San Raffaele
Tél. : +3902 2643 4954, courriel : cossu.giulio@hsr.it

Stéphane Blot / Laboratoire de Neurobiologie, Ecole Vétérinaire d’Alfort
Tél. : +33 1 4396 7171, courriel : sblot@vet-alfort.fr