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Deviendrons-nous un jour des cyborgs ?

Info ou intox, on reparle du scientifique, un peu fou diront certains, qui utilise son corps pour être en communion parfaite avec la machine.

Voici un des derniers articles en date sur cet « Homme-Machine » qui en profite pour refaire parler de lui.

Prendre des risques pour faire avancer la science et la technologie, c’est ce qu’est prêt à refaire Kevin Warwick au cours d’une expérience digne d’un film de science-fiction.

Directeur du département de cybernétique de l'université de Reading (UK), Kevin Warwick rêve de mettre au point la " télépathie par Internet ". Comment ? En se reliant avec sa femme par puces interposées. Il pense que cette technologie sera dans un premier temps utile aux personnes handicapées. Lors de cette expérience, des signaux de type "sonar" seront envoyés aux fibres nerveuses de Warwick et il devrait logiquement ressentir une sensation de distance, c’est-à-dire, savoir à quelle distance se trouvent les objets autour de lui. Le chercheur pense que ça pourrait être immédiatement utile, comme une sorte de sens supplémentaire pour les aveugles.

D'où vous vient cette obsession pour les cyborgs ?

J'ai toujours voulu aider les autres dans la mesure du possible. Tout mon travail, toutes mes recherches ne servent qu'à aider les gens moins chanceux que nous, ceux qui souffrent de handicaps, les tétraplégiques victimes d'accidents, immobilisés sur des chaises roulantes.

En 1998, ce chercheur s’était déjà fait implanter pendant neuf jours une puce électronique qui allumait son ordinateur à distance. Aujourd'hui, il a le projet de se connecter avec sa femme à un ordinateur.

L'opération " Cyborg 2.0 " est prévue pour quand ?

L’expérience débute en novembre 2001 environ.

Quel est le but de cette expérience ?

Elle consistera à relier le système nerveux de mon bras droit à un émetteur-radio qui enverra mes signaux nerveux à un ordinateur et vice-versa.

L'équipe va donc tenter de capter, de décoder et de reproduire les communications du système nerveux. L'idée est d'intercepter les signaux qui circulent dans le bras au moment où le sujet décide de serrer le poing ou de bouger le pouce; puis de les reproduire artificiellement et de les transmettre à l'implant de manière à ce que le sujet exécute ces mouvements contre son gré.

À terme, ma femme - Irena - se fera aussi implanter une puce, pour échanger des signaux avec moi. Le but : savoir ce qu'éprouve l'autre, quelles sont ses sensations, peut-être même ses émotions.

Ce n'est pas dangereux ?

Si, je crois que ça présente des risques. Il se peut que ça endommage le cerveau.

C'était facile de convaincre votre femme ?

Au début, elle y a beaucoup réfléchi parce qu'elle craignait des effets secondaires pour sa santé, mais comme moi, elle a décidé de les ignorer : le projet l'excite trop !

Pourquoi l'avoir choisie, elle, au risque de la perdre ?

J'ai choisi ma femme parce qu'il n'y a personne d'autre au monde avec qui je voudrais partager mes sensations ! De plus, je vous rappelle qu'en Angleterre, on n'expérimente pas sur les animaux : c'est très mal vu.

Quel type de communication pensez-vous établir entre vous ?

Nous avons l'intention d'échanger des signaux émotionnels, c'est tout. Est-ce que la douleur ressentie par ma femme sera la même que la mienne ?

Vous n'avez pas peur de découvrir des choses sur elle que vous ignoriez ? Vous ne pensez pas que ça pourrait modifier votre amour ?

C'est une possibilité.

La télépathie est-elle souhaitable pour l'humanité ?

Vous ne pensez pas que la communication est meilleure quand on s'accorde la possibilité de mentir ou d'adapter sa pensée selon la situation ?

Je pense que la télépathie ne nous oblige pas à être transparent. Au lieu de " dire " des mensonges - pour ménager nos interlocuteurs - nous les penserons ! C'est tout. La communication restera donc quelque chose d'opaque.

Avec la télépathie, plus besoin de poésie, de littérature, de musique. On transmet ses émotions directement ! La télépathie ne va-t-elle pas détruire l'art, et donc l'humanité ?

Non. Ça va la modifier radicalement, mais pas la détruire. À moins, bien sûr, que pour vous un cyborg ne soit plus un humain.

Vous avez dit un jour " Je suis né humain, mais c'était un accident du destin ". Pensez-vous que les hommes doivent se changer en cyborg parce qu'ils en ont la possibilité ?

Les hommes ont le pouvoir de se transformer en autre chose, mais c'est un choix qui reste individuel. Ceux qui préféreront rester 100% humains le pourront et ceux qui choisiront de devenir quelque chose de plus puissant, aux capacités multipliées, le pourront aussi. En ce qui me concerne, je ne veux en aucun cas rester un simple humain de chair.

Propos recueillis pas Agnès Giard

Source : Technikart.com – Etcaetera,

Pour suivre l’évolution des travaux de Warwick, voici le lien vers son site :

http://www.kevinwarwick.com/

et celui vers le laboratoire du projet :

http://www2.cyber.rdg.ac.uk/implant/IEVersionSmall/index.html

DATE DE PARUTION DANS LE MENSUEL AUTONOMIA : NOVEMBRE 01