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Vacances et handicap : un coût à ne pas sous-estimer

Pour les personnes en situation de handicap et leurs familles, partir en vacances reste un défi financier. Malgré quelques aides disponibles, le surcoût lié à l’accessibilité freine encore trop souvent leur accès à des moments de repos et de loisirs.

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Des vacances à organisation complexe et coûteuse

Partir en vacances pour les personnes en situation de handicap nécessite une organisation minutieuse et souvent des dépenses supplémentaires. Lila Boukerou, aidante familiale de 59 ans, explique que les voyages avec son fils, atteint d’une infirmité motrice cérébrale, exigent des hébergements adaptés, comme des hôtels avec piscine et pension complète pour éviter les lieux peu accessibles. Bien que plus coûteux, ces choix sont indispensables pour que toute la famille puisse profiter des vacances.

Cette réalité financière pèse lourdement : en 2023, 37 % des personnes handicapées en France déclaraient ne pas pouvoir se permettre une semaine de vacances loin de chez elles, contre 20 % des personnes valides. Ce chiffre s’explique par une précarité économique plus importante au sein de cette population, mais aussi par les surcoûts directement liés à l’accessibilité.

Accessibilité ou abordabilité : un dilemme

Le critère d’accessibilité prime souvent sur celui du prix lorsqu’il s’agit de choisir une destination. Jean-Christophe Portes, atteint de myopathie, témoigne qu'il doit prioriser l'accessibilité à un logement, ce qui réduit d’un tiers à la moitié ses choix disponibles. Lucie Fontaine, éditrice d’un guide Michelin pour les vacances accessibles, confirme cette tendance : plus les logements sont accessibles, plus ils sont chers, rendant difficile l’accès à des options abordables.

La situation se complique encore pour les personnes nécessitant un accompagnement spécifique. Annie Reymond, mère d'une fille atteinte d'une maladie neurodégénérative, a dû se tourner vers des séjours spécialisés, entraînant des frais supplémentaires considérables. Pour elle, « on paye pour le handicap » devient une réalité inévitable.

Des séjours adaptés, mais à quel prix ?

Les vacances adaptées organisées (VAO), qui offrent des séjours pour les personnes en situation de handicap, sans leur famille, représentent un autre aspect onéreux. Selon Christophe Roy, directeur d’APF Évasion France handicap, ces séjours coûtent entre 3 000 et 7 000 euros pour une dizaine de jours. Malgré ce prix, ces vacances permettent aux participants de créer des liens sociaux essentiels, une dimension soulignée par Caroline Lhomme, une vacancière régulière de ces séjours.

Aides financières : complexes et inégales

Bien qu’il existe des aides pour compenser ces surcoûts, l’accès à ces dispositifs reste complexe et inégalitaire. Une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a révélé en mars 2024 que les vacanciers financent majoritairement leurs séjours eux-mêmes, faute de soutien public suffisant. La simplification et l’uniformisation des démarches d’aide financière font donc partie des recommandations de l’Igas.

Jean-Louis Garcia, président de l’Apajh, déplore les disparités entre les aides octroyées par les différentes Maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH), rendant l’accès aux vacances inégal selon les territoires. Il rappelle que les vacances doivent être un droit pour tous, y compris pour les personnes en situation de handicap, en soulignant l’importance de ces moments d’autonomie et de répit.

Les vacances, loin d’être un luxe, sont un besoin essentiel pour les personnes en situation de handicap. Cependant, les obstacles financiers, couplés à une offre encore limitée en termes d’accessibilité, rendent ce droit difficilement accessible. Une réforme des dispositifs d’aide et une meilleure sensibilisation des acteurs du tourisme sont nécessaires pour garantir des vacances pour tous.


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