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Une justice inaccessible : quand le handicap barre l’accès au tribunal

Eric Grassien, tétraplégique, s’est vu refuser l’accès à une audience faute d’infrastructures adaptées. Cet incident soulève une fois de plus les lacunes d’accessibilité des bâtiments anciens, et la nécessité d’une meilleure prise en charge.

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Une audience hors de portée

Le 7 octobre dernier, Eric Grassien, un habitant de Genève tétraplégique depuis 1989, devait se rendre au tribunal pour une affaire civile. En fauteuil roulant électrique, il emprunte l’entrée latérale du Palais de justice, rue des Chaudronniers. Malheureusement, l’ascenseur, conçu pour des chaises roulantes standards, s’avère trop étroit pour son fauteuil. Face à cet obstacle, Eric se voit contraint de renoncer à son audience, une situation qu’il qualifie d’humiliante et d’exclusion flagrante.

Une problématique fréquente

Loin d’être un cas isolé, cette mésaventure illustre un problème récurrent, selon Véronique Piatti Bretton, directrice de Pro Infirmis Genève. Les personnes en situation de handicap doivent souvent demander à être convoquées dans des salles situées au rez-de-chaussée. Cependant, pour que de telles mesures soient prises, il faut parfois que les intéressés signalent leurs besoins en amont, ce qui peut être perçu comme une démarche fastidieuse.

L’architecte Namira Benfriha-Raki, spécialiste en accessibilité universelle, souligne que la mise aux normes des bâtiments historiques, comme le Palais de justice, est rare en l’absence de rénovations majeures. Elle insiste également sur la formation des employés des lieux publics pour garantir un accueil humain et inclusif, incluant des compétences comme la langue des signes.

Une réaction tardive mais prometteuse

Du côté du Pouvoir judiciaire, des explications ont été fournies : la salle B4, située au premier étage, est en principe accessible, sauf pour des fauteuils électriques particulièrement larges. Conscient de la gêne occasionnée, le tribunal a proposé à Eric Grassien d’être reconvoqué dans une salle plus accessible et a opté pour une procédure écrite pour éviter d’autres déplacements inutiles.

Le Palais de justice, bien que sensibilisé aux défis d’accessibilité, reste un bâtiment ancien qui n’a pas bénéficié d’investissements majeurs depuis plus de deux décennies. Des efforts ont toutefois été réalisés pour améliorer l’information et l’accompagnement, comme l’installation d’interphones et de panneaux signalétiques.

 

L’histoire d’Eric Grassien met en lumière une réalité amère : l’inaccessibilité des infrastructures publiques continue d’entraver les droits fondamentaux des personnes en situation de handicap. Une réforme plus ambitieuse, associée à une sensibilisation accrue des employés et des usagers, est essentielle pour garantir une justice véritablement inclusive.

La source ici


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