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Sexualité et autisme : briser le tabou et explorer l'intime

Loin des idées reçues, les personnes autistes partagent des expériences uniques et souvent complexes avec la sexualité. En dépit des défis liés à leur handicap, l'écoute, l'adaptation et le soutien jouent un rôle clé dans leur épanouissement personnel.


Temps de lecture estimé : 6 minutes

Comprendre la sexualité chez les personnes autistes

La sexualité reste un sujet délicat pour beaucoup, et encore plus pour les personnes en situation de handicap, telles que celles touchées par l'autisme. Nathalie, 55 ans, vivant dans le Jura, et Benjamin, 35 ans, de Besançon, en témoignent. Pour Nathalie, la sexualité est une extension des câlins et des moments de tendresse partagés avec son époux. Grâce à l'écoute attentive de ce dernier, elle a pu redécouvrir son corps et apprendre à s'épanouir. En revanche, Benjamin éprouve une forme de désintérêt pour la sexualité, en partie liée à son anxiété et à son trouble autistique.

Redéfinir les limites et les sensations

Nathalie et son mari ont exploré leur intimité comme on découvre un territoire inconnu. Leur relation intime a été marquée par une hypersensibilité, typique de l’autisme, qui rend certains contacts difficiles à supporter. "Je préfère qu’on me serre fort plutôt que des effleurements", explique-t-elle. Après une hystérectomie en 2021, le couple a dû réinventer leur sexualité, adoptant des pratiques plus douces, moins douloureuses, et ajustées aux besoins de Nathalie, également atteinte du syndrome Ehlers-Danlos. Pour elle, la sexualité reste un plaisir partagé, bien que son handicap impose certaines limites.

Les défis de Benjamin face à la sexualité

Benjamin, quant à lui, se sent détaché de la question sexuelle. Il perçoit son désintérêt comme lié à son autisme et aux expériences négatives qu'il a vécues ou observées dans son entourage. En couple depuis quatre ans, Benjamin lutte encore contre l'anxiété que ce sujet suscite en lui. Il craint de blesser sa partenaire, elle-même en situation de handicap, par son manque de désir. Malgré cela, il reste ouvert à l’idée que sa perception pourrait évoluer avec le temps.

La sexualité des personnes en situation de handicap : une réalité souvent ignorée

Jan Kašník, doctorant en sociologie et études de genre à l'université de Paris 8, souligne l'importance de mieux accompagner les personnes en situation de handicap dans leur sexualité. Selon lui, le tabou persistant autour de ce sujet nuit gravement à leur bien-être. Pour de nombreux parents et professionnels, la sexualité des personnes handicapées mentales est simplement ignorée ou perçue de manière négative, ce qui complique la communication et l'éducation.

L'urgence de l'éducation sexuelle adaptée

L'absence de dialogue sur la sexualité expose les personnes en situation de handicap à des risques accrus, notamment les violences sexuelles. Jan rappelle que ces personnes ont deux fois plus de chances de subir des abus par rapport à leurs pairs valides. Une éducation sexuelle appropriée et des réseaux de soutien ouverts peuvent grandement améliorer leur qualité de vie. Jan plaide pour une approche inclusive, où les droits sont non seulement reconnus mais aussi soutenus par des politiques publiques concrètes, permettant aux personnes handicapées de vivre leur sexualité de manière épanouie.

Un besoin de changement sociétal

Jan conclut que la société doit faire davantage pour intégrer les personnes en situation de handicap dans toutes les dimensions de la vie, y compris la sexualité. Ce n'est pas seulement aux individus de s'adapter, mais aussi à la société de créer un environnement où leurs droits et désirs sont pleinement respectés. L’inclusion véritable nécessite un effort mutuel et une ouverture d’esprit de tous.


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