Aller au contenu

La Ministre Huytebroeck crée l'indignation dans le monde du handicap.

Un avant-projet d'arrêté du Collège Réuni de la CCC, signé de Mesdames les Ministres Evelyne Huytebroeck et Brigitte Grouwels, provoque l'indignation dans le monde associatif du handicap.

Le courrier reçu le 18 juin dernier par les trois services AVJ (aide aux Actes de la Vie Journalière) et cosigné par les deux ministres, Mmes Evelyne Huytebroeck et Brigitte Grouwels a suscité l'émoi généralisé auprès des personnes handicapées. Et pour cause, les textes de cet avant-projet d'arrêté nient non seulement les principes fondateurs mais l'essence même de ces services créés PAR et reconnus POUR les personnes handicapées il y a 35 ans.

Les principes de création se fondent sur la reconnaissance, l'intégration et l'autonomie acquises par les personnes handicapées : la participation active des usagers à la gestion de leurs services, le fait qu'ils s’adressent à des personnes handicapées autonomes et capables de gérer leur vie et leurs besoins, que l'usager est l’acteur principal de l’organisation de ces services qui compensent le handicap physique par une aide individualisée à la demande et non une prise en charge des besoins.

L'avant-projet d’arrêté est ressenti comme une ingérence manifeste dans la composition des conseils d'administration des asbl de services AVJ. En effet, le passage tel que prévu, d’un Conseil composé pour moitié de personnes handicapées – voire même pour certains, moitié de bénéficiaires de Service AVJ - à une composition de 2/3 de membres extérieurs et l’exclusion expresse des bénéficiaires des postes « clés » (Président et administrateur - délégué), dénature le conseil d’administration.
Dans cet avant-projet, la faculté de la personne handicapée à rester « maître de sa destinée et de son autogestion » serait désormais mise à mal notamment par l'imposition d'un cahier de communication visant à faire le lien entre les prestataires de services comme si les bénéficiaires n'étaient plus ni en mesure de gérer leurs propres demandes et leur état de santé ni d’organiser la répartition des tâches qui incombent à chacun. Imposer celui-ci sans aucun contexte, sans contrepartie pour les bénéficiaires, sans limitations de son utilisation, représente une réelle atteinte à leur vie privée et à leur autonomie. Aussi, le milieu associatif dénonce une régression inacceptable par rapport aux acquis actuels et un réel danger de retour à l'institutionnalisation.

Les principes de fonctionnement sont : l'accessibilité à l'aide 24h sur 24 et 7j sur 7, une aide est dispensée uniquement à la demande de la personne handicapée et à son domicile ou dans les environs immédiats, les principaux actes sont en lien avec l’hygiène, la nourriture, les transferts (lit - chaise - WC), la mise en condition pour une activité et les petites remises en ordre, la liberté pour la personne handicapée de gérer sa vie de façon "normale", c’est-à-dire sans devoir "planifier" des besoins élémentaires de la vie quotidienne et enfin, la stimulation de l’intégration pour mieux éviter la formation de ghetto.??

Une volonté de changement aussi radical requiert une consultation sérieuse des parties concernées en vue de trouver un compromis acceptable pour tous.
Etonnament, cet avant-projet de textes sera soumis au Conseil consultatif qui se déroule le 25 juin prochain. Le rôle de consultation semble dès lors mis à mal vu qu’il est impossible en seulement 4 jours d’informer, se réunir, débattre et formuler des remarques, avec les bénéficiaires, les délégués syndicaux, les autres services et les Conseils d’Administration, de façon à les transmettre au Conseil Consultatif, sensé émettre un avis en toute connaissance de cause.

Il est absolument regrettable de constater à quel point les bénéficiaires et les Conseils d’Administration des 3 services AVJ ont été de facto exclus des processus de concertation, excluant ainsi toute possibilité de réunion des usagers en si peu de temps. D'autant que les Ministres n'ont pas tenu leur promesse écrite de revenir vers les Conseils d'Administration et les bénéficiaires concernés afin de compléter les informations et les conclusions à en tirer. Les services ne peuvent accepter que des textes aux enjeux aussi cruciaux pour leur avenir puissent être avalisés dans pareilles conditions.